(Vancouver) La justice canadienne a refermé mercredi le dernier volet des audiences d’extradition vers les États-Unis de la directrice financière du géant chinois Huawei, concluant près de 1000 jours de bataille judiciaire et de crise diplomatique.

Agence France-Presse

Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur du géant des télécoms, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l’aéroport de Vancouver à la demande de Washington, qui veut la juger pour fraude bancaire.

« J’indiquerai probablement la date à laquelle ma décision sera rendue lors de l’audience de renvoi du 21 octobre », a déclaré la juge Heather Holmes, devant la Cour suprême de Colombie-Britannique.

L’arrestation de la directrice financière de Huawei, suivie quelques jours plus tard en Chine par celle de deux Canadiens, a provoqué une grave crise diplomatique entre Pékin et Ottawa.

La justice américaine accuse la numéro 2 du géant des télécoms d’avoir menti à un cadre de la Banque HSBC lors d’une rencontre à Hong Kong en 2013, à propos des liens entre le groupe chinois et une filiale nommée Skycom qui vendait des équipements à l’Iran, exposant l’établissement à des sanctions américaines. L’intéressée a toujours nié ces accusations.

Le gouvernement chinois estime depuis le début que l’administration américaine cherche avant tout à affaiblir Huawei, entreprise chinoise de pointe et leader mondial des équipements et réseaux 5G, sans équivalent côté américain.

« Abus de procédure »

Fin des audiences d’extradition de Meng Wanzhou à Vancouver

Au cours des dernières semaines, les avocats de Mme Meng ont de nouveau plaidé la thèse selon laquelle les États-Unis ont intenté un procès « abusif » à leur cliente.

Cette dernière n’a pas « trompé » la banque, qui n’a essuyé ni perte financière ni risque de perte pouvant constituer une fraude, ont-ils dit.

« Les droits garantis par la Charte (canadienne des droits et libertés, NDLR) à Mme Meng ont été violés par l’abus de procédure. La seule façon de réparer le préjudice causé par cet abus est d’arrêter l’extradition », a souligné Huawei Canada, dans un communiqué diffusé peu après la fin des audiences.

« Depuis le début, Huawei est convaincu de l’innocence de Mme Meng et a fait confiance au système judiciaire canadien », a ajouté le géant chinois.

Les autorités canadiennes et américaines ont nié tout abus de procédure.

« Personne n’a reçu une audience d’extradition plus juste que Mme Meng », a insisté mercredi le représentant du procureur canadien, Robert Frater.

Les avocats du gouvernement canadien plaidant au nom des États-Unis ont ainsi affirmé qu’il y avait suffisamment d’éléments de preuves pour que Mme Meng soit extradée puis jugée par la justice américaine.

L’accusation a notamment dénoncé les déclarations, selon elle « malhonnêtes », de Mme Meng à un cadre de la Banque HSBC lors de la rencontre à Hong Kong en 2013 concernant les liens entre Huawei et Skycom lors d’une présentation PowerPoint au cœur de la procédure.

Meng Wanzhou vit actuellement en liberté surveillée dans sa luxueuse propriété de Vancouver et porte un bracelet électronique.

En cas d’appel, la procédure judiciaire pourrait durer encore plusieurs années.

Ces dernières audiences, qui ont commencé début août, se sont déroulées alors que la justice chinoise vient de condamner deux Canadiens, le premier à la peine de mort pour trafic de drogue, et l’homme d’affaires Michael Spavor à 11 ans d’emprisonnement pour espionnage.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau avait rapidement dénoncé la peine « inacceptable et injuste » infligée par la Chine à Michael Spavor, un verdict également fustigé par l’Union européenne et les États-Unis.

Le verdict du procès de l’ex-diplomate Michael Kovrig, jugé également pour espionnage, est lui attendu prochainement.

La détention « arbitraire » des deux Canadiens est perçue par Ottawa comme une mesure de représailles après l’arrestation de Meng Wanzhou à la demande des États-Unis.

Pékin, qui appelle Ottawa à la « libération immédiate » de la dirigeante, dément se servir des deux Canadiens emprisonnés comme monnaie d’échange.

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